« Mon neveu Léon Paul Ngoulakia n’est pas apte à parler des choses qu’il n’a pas vécues. Même André Mba Obame, au paroxysme de leur combat politique, n’a jamais mis en cause la filiation d’Ali Bongo Ondimba », a déclaré Roger Ndjoué un membre de la famille présidentielle, dans un entretien exclusif accordé à notre rédaction.
Le Soleil : Le
débat sur la filiation du président Ali Bongo Ondimba fait rage depuis
quelques mois. Pourquoi la famille présidentielle s’est-elle murée dans
une sorte de mutisme et qu’est-ce qui motive votre sortie pour le moins
tardive?
Avant tout, je voudrais faire appel à la
sagesse africaine, qui dit : celui qui connaît ne parle pas. En ce qui
me concerne, si je n’ai pas réagi depuis lors, c’est parce que la vérité
que je détiens me commandait de faire abstraction des allégations
mensongères venant des personnes étrangères à la famille, et surtout à
cause de mon frère ainé le général Jean Boniface Assélé, qui m’avait
dissuadé de ne pas s’attarder sur des faits qui n’enlèvent en rien, le
fait qu’Ali Bongo Ondimba soit notre fils de sang.
En quelle qualité prétendez-vous parler de la filiation du président de la République ?
Votre question appelle, de ma part, que
je revienne, un tant soit peu, sur ma propre genèse, et éventuellement
vous expliquer mon lien de consanguinité avec la famille présidentielle,
en l’occurrence avec la mère d’Ali Bongo. Mon père Edouard Mbadou est
le petit frère, même père, de monsieur Jérome Dabany, le père d’Emma
Rose Ngoulakia, d’Assélé, de Joséphine Dabany, de feu colonel Djoué
Dabany, du commandant Moise Dabany. Et de bien d’autres… La liste est
trop longue. Le père de monsieur Mbadou et de monsieur Dabany,
c’est-à-dire mon grand-père, s’appelait Djoué. C’est ce nom de Djoué que
je porte. Après ma naissance à Brazzaville le 7 décembre 1951, mon père
Edouard Mbadou m’avait inscrit à l’école urbaine des garçons. Nous
sommes là, dans l’année de l’Indépendance du Gabon, en 1960, et nous
habitions Batavéa chez les Sassaye, où j’allais à l’école, tantôt
accompagné de Gauthier Revignet, un grand frère du quartier, ou par
Claude Ayo actuel directeur général de la BICIG. Je suis d’ailleurs de
la génération de son petit frère Owondault qui demeure un de mes amis.
Quels éléments concrets et
probants confirment, malgré tout, votre intégration réelle dans
l’intimité de la famille présidentielle ?
En 1963, mon père décide de me confier à
ma grande sœur Joséphine épouse Albert Bernard Bongo, directeur de
cabinet du président Léon Mba, qui habitait à proximité du cinéma le
komo, actuelle résidence de feu l’ancien ministre d’Etat Richard Nguéma
Békale. C’est donc en 1964, qu’Alain Bongo est inscrit, par ses parents,
dans la même école que moi, c’est-à-dire l’école urbaine des garçons.
Où se trouvent actuellement certains logements de la garde républicaine,
face à l’actuelle église Saint Pierre, précédemment école Mont-Fort. Et
c’est en ma qualité d’oncle que j’ai été mandaté par la mère du
président Ali Bongo pour l’accompagner tous les jours à l’école. Et cela
a duré jusqu’à ce qu’il aille poursuivre ses études en France, Plus
précisément à Ales. Certains de mes collègues, dont je peux citer les
noms, m’ont vu venir tous les matins, accompagné du jeune Alain Bongo.
Vous voulez dire que des compatriotes bien vivants pourraient attester et confirmer vos propos ?
Bien sûr, cher monsieur le journaliste.
Je peux citer, par exemple, Charles Mba Bissighe, Théophile Mba Andème,
petit fils du président Léon MBA, (Bibi pour les intimes), général
Etienne Madama, docteur Louis Dieudonné Bétoughey Mve, Guy Azouadeli,
Guy Nang Békalé, etc. Certains, pour rigoler, me rappellent cette
anecdote : un jour, alors que nous étions rentrés à la maison, ma grande
sœur Joséphine m’interpelle à propos de la blessure à la lèvre qu’avait
eue Alain Bongo et me reprocha de n’avoir pas été vigilant à son égard.
Après le repas qui s’en est suivi, j’ai ramené Alain Bongo à l’école et
lui ai demandé de porter main, à son tour, au collègue qui l’avait
blessé. S’en est suivie une bagarre entre le grand frère de ce garçon,
feu Ambaye Nomino, de son petit nom, et moi. D’ailleurs, la grande sœur
Joséphine a dû recoudre ma culotte déchirée, à l’issu de la rixe
(rires).
Tout ceci est bien pathétique. Pourquoi l’étaler sur la place publique ?
Parce que je suis écœuré de lire, à
longueur de semaines, dans certains journaux, des faits qui ne sont pas
réels. Depuis un certain temps, en effet, mon neveu Léon Paul Ngoulakia
se délecte dans les journaux en faisant croire qu’en 1967, il était le
seul garçon au palais. J’ai envie de lui poser la question de savoir à
quel titre est-il arrivé là, si ce n’est grâce à la mansuétude,
autrement dit la bienveillance de la petite sœur de sa mère, Joséphine
Kama Dabany épouse Bongo, qui avait décidé de le faire venir à
Libreville ? Dans nos familles africaines, et particulièrement chez les
Bantus, le terme cousin n’existe pas, seul existe celui de frère ou
sœur. Et celui qui a une position prépondérante ou qui a réussi à se
hisser dans la sphère sociétale, a le devoir de prendre sous sa
responsabilité certains membres de sa famille. C’est seulement à ce
titre là que mon neveu a été admis au palais. Or, mon neveu Léon Paul
Ngoulakia, n’arrête pas de mettre en doute la filiation de son petit
frère Ali Bongo, allant jusqu’à distiller des contre-vérités. Je lui ai
téléphoné dans ce sens, il y a trois semaines, pour lui dire que
j’apporterai un démenti formel, si jamais il était à l’origine de ces
assertions. Je voudrais que cette cabale éhontée prenne fin, surtout
venant d’un membre de la famille, pourtant bien au courant des faits.
C’est quand même paradoxal qu’au lieu que ce soit des personnes
étrangères à la famille qui colportent des allégations mensongères,
c’est plutôt celui qui devrait restituer les faits réels (s’il tant est
qu’il les a d’ailleurs vécus), qui se complait à phagocyter son frère,
le président Ali Bongo. Quant à ceux qui veulent bien écouter le son des
sirènes, faut-il leur rappeler que les éléments justificatifs de la
filiation d’Ali Bongo, ont été apportés ? Et que le combat politique se
joue sur la force des idées, à savoir les projets de société et non pas
sur les injures et la délation gratuite.
Il reste que ça fait tout
même désordre quand de surcroît c’est membre de votre famille qui mette
en doute, comme vous venez de le dire, la filiation d’Ali Bongo.
Mais, justement, ce membre de la famille
n’avait qu’un an d’écart avec son frère le président Ali, sans compter
qu’il n’était pas là en 1964. Il n’est donc pas apte à parler des choses
qu’il n’a pas vécues. Alors qu’en ma qualité d’oncle, j’étais plus âgé
et vivais chez le couple Bongo à cette époque.
Dans un tel souci de restitution de la vérité certains repères peuvent être essentiels, lesquels pouvez-vous mettre en avant ?
Je tiens à rappeler que la guerre du
Biafra a eu lieu dans les années 1969, il en est de même des éventuelles
adoptions d’enfants qui ont été postérieures aux faits historiques que
j’énumère, à savoir l’inscription d’Ali Bongo à l’école urbaine des
garçons. Ali Bongo a occupé des fonctions régaliennes dans ce pays. De
haut représentant du président de la République, à ministre des Affaires
Etrangères, puis de la Défense nationale, en passant par celle de
député de Djouori Agnili. A l’époque, personne n’a fait allusion à sa
filiation. C’est-à-dire du vivant de son père. Même son ami et frère,
André Mba Obame, que Dieu ait son âme, au paroxysme de leur combat
politique, n’a jamais mis en cause la filiation d’Ali Bongo Ondimba.
Pourtant, tout le monde a connu la proximité incontestable d’AMO avec la
famille présidentielle.
Des opposants prétendent néanmoins initier des actions pour pousser Ali Bongo à la démission. Qu’en pensez-vous ?
Sans être un clerc ou un érudit du
droit, tout le monde sait que l’affaire de la filiation du président Ali
est définitivement classée par les juridictions gabonaises et
françaises, notamment de Nantes, en France. J’ai, depuis mon jeune âge,
été élevé par mon père, et grandi auprès de ma famille paternelle. Et
rien de tout ce qui s’est fait en cette période, dans le cadre de la
famille n’a pu m’échapper. D’autant plus que mon père Edouard Mbadou,
faisait office de chef de famille. Certains comme le général Idriss
Ngari peuvent en témoigner. D’ailleurs, pour plus de preuves, les
pourfendeurs d’Ali Bongo peuvent aller consulter les archives de l’école
urbaine des garçons de 1964, ils y trouveront le nom d’Alain Bongo !
Avant de clore mon propos, permettez-moi d’inviter le microcosme
politique gabonais à agir dans le respect des règles de probité morale
dévolues à chacun d’entre nous, au lieu d’aligner matin, midi et soir,
des incongruités qui ternissent l’image de notre pays. J’entends, en
effet, ici et là, certains hommes politiques exacerber les haines et
hystériser les rancœurs en évoquant la 2e guerre mondiale ou Vichy et en
promettant « l’éradication des cafards », comme si l’accession
aux fonctions suprêmes nécessite qu’on en vienne à un génocide. Et quel
mépris, de comparer des contemporains, pour la plupart des
compatriotes, à des cafards ? Dans quelle société vivons-nous ? De toute
façon, les Gabonais ne sont pas dupes et leur sens de discernement est
avéré. Je termine en paraphrasant le défunt président Abraham Lincoln
qui disait je cite : « on peut tromper une partie du peuple tout le
temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper
tout le peuple tout le temps. »
Entretien réalisé par notre consultant: Zoff Blanchard Minang
PREESE GABON
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